10/08/2007
Droits de l'Homme: Nuremberg, Prix de l’Europe 2007
Le 11 août, se déroulera au Château de Tucher, la cérémonie de remise du Prix de l’Europe 2007 à la ville de Nuremberg , dans le cadre du festival des jumelages que la ville organise. Le prix est décerné par l’Assemblée du Conseil de l’Europe aux collectivités territoriales qui sont particulièrement actives dans la promotion de l'idéal européen. Walter, un fidèle lecteur de RELATIO, connaît bien cette ville… Je le laisse parler.

« De Nuremberg à Nuremberg, tu connais ? Un documentaire extraordinaire de Frédérique Rossif et Philippe Meyer… Nuremberg, 1935 : « O Führer, quoique tu nous ordonnes, nous le ferons », clament les militants du parti nazi… Nuremberg, 1945 : le procès des criminels de guerre, des vaincus survivants... Dix années qui valent des siècles et qui pèsent encore tellement sur les esprits européens ! Nuremberg, ville-symbole, chargée d’histoire depuis le Xl ème siècle. Un des berceaux de l’humanisme allemand. Patrie d’Albrecht DÜRER. Comment tant d’horreurs ont-elles pu se déclencher à partir de cette ville impériale de Franconie, de cette deuxième ville de Bavière (après Munich), de ce centre culturel qui abrite tant de trésors ? Mystère…

Aujourd’hui, Nuremberg, c’est l’humanisme post-totalitaire, les droits de l’homme, le respect de la personne humaine, l’esprit d’ouverture. Ce prix de l’Europe, elle aurait pu et du le recevoir depuis longtemps. Elle est jumelée à quatorze villes, elle a reçu le prix UNESCO de l’éducation aux Droits de l’Homme. Elle a créé un Centre de documentation sur les droits de l'homme, elle a aménagé une rue des droits de l’Homme due à l'artiste israélien Dara Karavan, elle décerne régulièrement un prix international des droits de l'homme et elle organise tous les deux ans un Festival cinématographique, consacré aux droits de l'homme. Les droits de l’homme, seule bonne réponse à la barbarie, seul antidote contre l’inhumain, ce produit de « l’humain trop humain !

Moi, j’y vais souvent, notamment pour l’ION, la semaine internationale de l'orgue, le plus grand et le plus vieux festival de musique religieuse en Europe. Mais elle a aussi un festival de Rock : « Rock im Park », trois jours de folies et le Bardentreffen, un festival gratuit de « musique du monde » qui attire plus de 200 000 personnes durant tout un week-end. Là on ne mange des Nürnberger Bratwürste ou du Lebkuchen un pain d'épice comme on ne trouve nulle part ailleurs et qui fait un malheur sur le célèbre Marché de Noel. Et on en boit du Frankenwein! J’aime bien ce vin …du pays de la bière… La cuisine franconienne est riche, mais bonne.

J’adore aussi son Musée national le Germanisches Nationalmuseum. Très design. Chaque fois, je prends le temps, bien sûr, de flâner dans la vieille ville, avec ses remparts, ses 80 tours, ses rues commerçantes. Et je ne me lasse pas de la maison et des oeuvres de Dürer . Quel génie, ce type ! Et productif en plus : dessins, peintures, gravures… Un mathématicien, en plus. Et un philosophe. Une vraie figure d’Europe, Albrecht !

Charles Quint ne faisait guère d’erreurs de casting dans le choix des artistes qu’il soutenait…Nuremberg est aussi la patrie d’un grand sculpteur sur bois, Veit Stoss dont un Retable extraordinaire est à Cracovie, et Adam Kraft, un très grand tailleur de pierres… Je devrais aussi te parler de Martin Behaim qui y a conçu la première mappemonde et Peter Henlein qui y a fabriqué la première montre de poche. J’en oublie sans doute.

Mais je joue les guides, là…Pour les amateurs de foot, le FC Nuremberg est là : neuf titres de champion d’Allemagne, quatre coupes ! Mais au foot, je n’y comprends pas grand-chose… Ah ! J’oubliais : pour les amoureux, un petit tour dans les jardins, ce n’est vraiment pas mal. Les jardins des Hespérides doivent leur nom aux Hespérides, les filles d'Hespéros, qui dans la mythologie grecque, étaient les gardiennes des fruits d'or… »

Merci, Walter, pour cette visite guidée. Une vraie invitation au voyage. D’autant plus qu’autour de Nuremberg, il y a des ballades extraordinaires à faire : route des châteaux forts (pour les romantiques et les amateurs de légendes féeriques), route des jouets, ville impériale et épiscopale de Bamberg, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, avec, en la cathédrale, la célèbre statue du « Cavalier de Bamberg » ou encore Ansbach, joyau du baroque et du roccoco: l'ancienne résidence des margraves, abrite l'un des plus châteaux les plus impressionnats du XVIIIe siècle en Franconie. Et Bayreuth n’est pas loin…
William PETITJEAN

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En savoir plus sur les curiosités de Nuremberg >>>>
Les procès de Nuremberg en DVD >>>>>

Les héritages des Procès de Nuremberg
On doit aux Principes de Nuremberg, un document réalisé pendant ce procès, la définition des crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. En outre, les expériences médicales conduites par des médecins nazis ont conduit, à l'issue du « Procès des Docteurs », à la création du Code de Nuremberg qui pose des principes en matière d'expérimentation médicale sur des sujets humains.
07/08/2007
En cette France « une et indivisible » : La République du Saugeais
Voilà 60 ans que les Saugettes et les Saugets sont « un peu plus que
Français ». Promenade autour d’une abbaye du Haut Doubs entre saucisses et comté, tuyés et morbier, bresi et vacherin: «Saugeathlon » entre Saut du Doubs et source de la Loue. Insolite ? Unique…
L’Europe vagabonde de William PETITJEAN pour RELATIO : Nul besoin d’aller très loin pour découvrir des coins qui méritent qu’on s’y attarde. Et qui surprennent… Connaissez-vous la République du Saugeais ? Dans cette République française « une et indivisible », toujours imprégnée d’un jacobinisme centralisateur, il existe une terre à nulle autre pareille, avec un exécutif « héréditaire », comme dans les principautés et les monarchies, et avec tous les attributs de la souveraineté : Président (une femme), gouvernement, corps diplomatique, passeport, frontières, monnaie, timbre, drapeau, blason, hymne national, télévision, et armée…de bénévoles !

Nous sommes bien en 2007, en France, dans l’Union européenne. Et Jean-Pierre Bouteiller, Comtois (« rends-toi ne nie ma foi »), journaliste, qui vient de quitter Strasbourg pour prendre retraite à Nice n’a qu’un regret : dans l’ancien comté niçois, il y a déjà un « ambassadeur de la République du Saugeais ».Il en aurait accepté la charge, avec honneur et bonheur. "Je suis un Sauget de cœur "
C’est lui qui a attiré l’attention de Relatio sur cette République bien digne de figurer parmi les étapes insolites de notre « Europe vagabonde ». A deux pas (d’escargot) de la Suisse. A 10 kilomètres de Pontarlier (qui fut capitale mondiale de l’absinthe de 1805 à 1915 et reste, en qualité, championne des apéritifs à l’anis ou à la gentiane). A 70 Kms de Besançon : Merci (et pas merde) à Vauban… Et à Victor :« Ce siècle avait deux ans quand à Vesontio, petite ville espagnole… »…

La géographie ? Dans la verte Franche-Comté, dans ce Haut Doubs fier, entre autres, de ses saucisses (Ah ! Morteau !), de son jambon, de son bresi, de sa palette et de son lard, de ses fromages (Comté, Morbier, Vacherin ou Mont D’Or), de son miel (de sapin), de ses truites (Doubs, Loue, Dessoubre), de ses champignons, de ses escargots, et de ses vaches (montbéliardes, bien sûr !)
Ici, en été comme en hiver, on respire à pleins poumons. Randonnées et VTT, ski, luge, traîneau…Et amour, bien sûr : Gustave Courbet et son origine du monde sont des voisins d’Ornans…
Sur 125 km2 : onze communes, dont Montbenoît, la capitale politique, célèbre pour Abbaye (restaurée) et Gillet, la capitale économique, dotée d’une gare (fermée) qui était sur une ligne de chemin de fer transformée en piste cyclable : on n’arrête pas le progrès.
Sur ces hauteurs (1000mètres en moyenne), quelque 4500 citoyens fiers d’être Saugets dans ce « pays que Dieu créa la huitième jour » et dont feu Edgar Faure fut le premier citoyen d’honneur.
C’est ici que ce brillant personnage -- qui dirigea Pontarlier (centre du Haut Doubs depuis l’antiquité) de 1971 à 1977-- a eu confirmation d’une donnée politique majeure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent »

Dans cette République ou dans les environs, des sites naturels dignes de visites prolongées : le saut du Doubs, la source de la Loue, le cirque de Consolation, unique en son genre, puit de mysticisme en pleine nature…
Et ne négligez pas quelques lieux culturels chargés d’Histoire : château de Joux (prison de Mirabeau et de Toussaint Louverture et qui est hanté de légendes qui remontent au temps de croisades), l’abbaye de Montbenoît (« qui y vient y revient »), le musée de l’horlogerie de Morteau, et… les « tuyés », ces cheminées à salaison sans lesquels les saucisses du pays ne seraient pas ce qu’elles sont.

A propos, vous avez essayé la saucisse de Morteau ou de Montbéliard (des vraies bien sûr, pas ces fausses qui constituent un crime contre le bon goût que trouve parfois, trop souvent, …ailleurs !) avec de la cancoillotte chaude ? Je vais finir rapidement cet article pour m’en préparer une assiette. Mais je ne vous ai pas encore parlé de l’artisanat (horloges comtoises, automates, cloches et clochettes, montres, bijoux, travail du bois…). Ni de tout ce qui fait de cette République une réalité unique en son genre. Pas seulement folklorique !
« C’est plus grand que la principauté de Monaco, et on y trouve des choses que l’on ne trouve pas chez les Grimaldi », soupire Jean-Pierre Bouteiller, amoureux de cette République où il faut montrer un « laissez-passer » pour franchir la « frontière »…
Cette République est née d’une plaisanterie, en 1947 : un préfet du Doubs qui avait de l’humour (M. Ottaviani) s’est laissé prendre au jeu de l’Histoire des Saugets et des Saugettes dans l’auberge de l’Abbaye de Montbenoit tenue par Georges Pourchet…Convaincant, Pourchet sur la spécificité religieuse et civile de sa contrée! « Je vous nomme Président à vie de la République du Saugeais ».
Le préfet ne savait pas qu’il allait être pris au mot, à ce point… Quand la boutade vous monte au nez, dans cette région, on rit…sérieusement. Le Président « à vie » (ce qui lui a permis d’afficher sa supériorité quand Giscard l’a reçu à l’Elysée !) prit sa charge très au sérieux. Et ses concitoyens aussi. Mobilisation générale ! « La République nous appelle…sachons vaincre ou sachons périr »…Mais non…
« Depuis qu’il y a des hommes au monde
Qui ont yeux sous les sourcils
Depuis que notre terre est ronde
Que la descente n’est pas en montée
Chacun dit, il faut bien le croire
Qu’il n’y a rien de tel que notre Saugeais
Que ceux qui en sont peuvent "se croire"
Un petit peu plus que s’ils étaient français »
Sa femme lui succéda, à la demande générale et sous la pression de suppliques adressées « du monde entier ». Et sa fille, Georgette, assume aujourd’hui des fonctions qui ne sont pas qu’honorifiques… C’est qu’il y en a des festivités dans cette République.
Cette année, la République fête ses 60 ans ! Et ce n’est pas fini…Le futur, ici, n’insultera pas le passé. Un passé qui remonte à l’an 1000…avec Benoît l’Hermite, un saint homme disciple de Saint –Augustin.
Vers 1150, Landry Sire de Joux, désirant racheter les fautes de ses ancêtres, fit don de ce territoire « inculte », inhabité sauf par des ours et des loups, à Monseigneur Humbert, Archevêque de Besançon.
Celui-ci, pour défricher la région, fait appel aux « chamoniers » réguliers de Saint Augustin, à Saint Maurice en Valais, en Suisse, qui acceptent avec eux des colons du canton des Grisons (d’où le « bresi » ?) et des Savoyards. Solidarité européenne, déjà…
Ces premiers habitants du Saugeais (des immigrés "choisis"!) apportent avec eux leurs coutumes, leurs traditions et leur langue, qui sera parlée couramment jusqu'en 1900. Vous ne parlez pas la « saugette » ? Elle mériterait d’être réhabilitée dans le cadre de la défense européenne des langues minoritaires… Même si la France n’a toujours pas ratifié cette Convention du Conseil de l’Europe
Aujourd’hui, la République du Saugeais est l’un des « phares » du Haut-Doubs, perle de la nature jurassienne. Vous ne connaissez pas les « 24 heures de Montbenoît » ? Les bolides ne sont pas les mêmes qu’au Mans, mais c’est du solide. Et le « Saugeathlon » devrait être intégré aux jeux discipline olympique. Sans autre dopage que l’air pur des montagne, de la bonne charcuterie et de l’excellent fromage, bref des valeurs gourmandes pour gourmets !
William PETITJEAN
16:12 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, franche comte, saugeais, gasronomie, bouffe, framoage, comté